Alors...Où Accoucher?
Il existe différentes possibilités pour accoucher en France. L'information étant ce qu'elle est, les lieux à «la pointe de la technique» sont aisément survalorisés par rapport aux autres structures. Pour une grossesse normale, il n'est pas nécessaire d'aller accoucher dans une maternité de Type 3. Petite précision qui a son importance: le type de maternité (1,2 ou 3) est corrélé au niveau de prise en charge pédiatrique en hospitalisation:
- Type 1 pas d'hospitalisation en pédiatrie
- Type 2 Hospitalisation en pédiatrie avec surveillance intensive
- Type 3 Unité de réanimation néonatale
Habituellement, le plus simple consiste à s'inscrire dans une maternité à proximité du domicile. Ce sera suivant la situation, une maternité Publique ou Privée.
Dans une maternité publique, le suivi est assuré par une sage-femme ou un médecin. Le travail et l'accouchement seront assurés par une sage femme de garde (en général en 12h, par exemple 8h-20h). Elle fera intervenir le médecin (Interne ou Chef de Clinique de garde) uniquement en cas de pathologie, par exemple pour la pose d'un forceps ou la pratique d'une césarienne.
Une analgésie péridurale peut-être effectuée par l' anesthésiste.
Service public signifie également que les actes effectués ne sont pas facturés aux familles; c'est la collectivité qui prend en charge ces frais. Néanmoins il faut savoir que ce sont des sommes qui peuvent être entre 3000 et 6000€/accouchement (même pour un accouchement normal...).
Notez que plusieurs consultations spécifiques existent avec votre sage-femme:
l' Entretien Prénatal Précoce (EPP) est devenu obligatoire depuis 2020. C'est un entretien individuel, à faire le plus tôt possible dans la grossesse, qui permet de vous informer des conditions de surveillance de votre grossesse et des possibilités réelles qui existent localement (type de suivi possible, maternités, possibilité de suivi global...). Vous aurez dès lors plus de possibilités de faire des choix qui vous conviendront.
L'EPP s'ajoute aux consultations et séances de préparation.
Il existe également le Bilan prénatal (BP) à faire en cours de grossesse (prise en charge du tarif de base à 100% à partir de 24SA), avec la sage-femme (ou le groupe de sages-femmes) qui s'engage a effectuer les visites après retour à domicile.
Enfin, il y a également la Consultation de Contraception et de Prévention (CCP), qui ne peut être faite qu'une fois par patiente, de moins de 18 ans (prise en charge à 100%, dispense d'avance de frais).
Pour finir, les sages-femmes sont en accès libre: vous pouvez les consulter en fonction de vos besoins médicaux. Elles assurent également les Déclarations de grossesse, les visites à domicile (en post-partum mais également pendant la grossesse si nécessaire. Elles prescrivent également la contraception sous toutes ses formes (hormonales ou non, pose et retrait d'implants, pose et retrait de stérilet...)
PAR QUI SE FAIRE SUIVRE?
Pour la grossesse et l'accouchement: une sage-femme ou un médecin (généraliste ou gynécologue-obstétricien).
Si vous choisissez le suivi par une sage-femme, elle n'est censée vous adresser au médecin qu'en cas de pathologie avérée et uniquement pour la prise en charge de la pathologie. Elle peut continuer à assurer votre suivi en relation avec le médecin.
LE «SUIVI GLOBAL» OU «ACCOMPAGNEMENT GLOBAL»
C'est le même praticien qui assure toutes les étapes du suivi, de l'accouchement et de la période post-natale: la déclaration de grossesse, les consultations, les séances de préparation à la naissance et à la parentalité (préparation à l'accouchement), les échographies (le cas échéant), la surveillance du travail, la pratique de l'accouchement, la surveillance des deux heures qui suivent l'accouchement, la surveillance en suites de couches (éventuellement les visites post-natales), la consultation post-natale, le suivi gynécologique de dépistage, la contraception, éventuellement la réeducation périnéale post-accouchement...
En 1996, lors de la création de la première version du site, nous étions assez peu de sages-femmes en France à proposer l' «accompagnement global». Seulement une petite centaine sur 1000 sages-femmes libérales.
En 2021, nous comptons 7500 sages-femmes libérales et nous sommes toujours une centaine en France à avoir ce type de pratique, malgré l'arrivée des Maisons de Naissances...Cherchez l'erreur...
Il est important de revenir sur la notion de «globalité», qui commence à être galvaudée. Tout un chacun prétend «faire du global», libre à eux...
Par exemple, une maternité où les équipes restent les mêmes dans un secteur donné (en suites de couches...) affichera qu'elle favorise le «global». Il en est de même si, dans une équipe de trois sages-femmes, il y a un système d'astreintes qui fait que c'est celle d'astreinte ce jour-là qui assure l'accouchement (et non pas obligatoirement celle qui a suivi la patiente...). Certes c'est probablement plus rassurant et plus personnalisé que le système actuel dans les structures, où la chance de connaître la sage-femme de garde le jour de l'accouchement est extrêmement minime. Néanmoins il ne s'agit en réalité que d'un «pseudo suivi global».
Pour moi qui travaille réellement et sans interruption en «accompagnement global» depuis 32 ans , il n'est pas question d'accepter la banalisation de la notion de «suivi global»!
Le «suivi global» (qui plus est additionné à l' accompagnement en haptonomie) constitue probablement à ce jour la quintessence de ce que peut être et apporter la présence de la sage-femme auprès des femmes, des hommes, des couples et des enfants.
AU SUJET DU LIEU...
Là encore la confusion est trop fréquemment de mise.
Il y a une problématique de «fond» et de «forme».
Le lieu, finalement, c'est la «forme». Le «fond» c'est l'accompagnement global!
C'est grâce à cette modalité que le vécu pourra prendre toute sa valeur, qu'il sera possible de créer un espace de liberté, rassurant et vigilant, qui sera réellement investi par les parents. Et ce quel que soit le lieu...
Un petit exemple:
Il y a pas mal d'années, j'avais une collègue qui pratiquait des accouchements à domicile. A priori, on imagine que les femmes avaient donc avec elle une totale liberté posturale dans ce cadre non hospitalier. C'était hélas tout le contraire. Toutes ses patientes étaient obligées de s'allonger sur le dos pour accoucher! En fait ma collègue reproduisait les mêmes schémas que ceux prétendument combattus, dans un lieu certes différent... Probablement les femmes étaient assez contentes d'être chez elles, mais elles subissaient tout de même une forme de contrainte non justifiée par la réalité de la situation médicale.
On réalise bien avec cet exemple que finalement le lieu est infiniment moins important que la qualité de l'accompagnement...
Une nouvelle fois, l'attitude qui consiste à opposer les différents lieux où il serait possible d'accoucher n'est pas très constructive. C'est hélas trop souvent le cas actuellement. Par contre, quel que soit le lieu considéré on peut repenser l'organisation, la qualité des soins et de l'accompagnement en tenant compte des volontés de la femme qui accouche. Encore faut-il pouvoir sortir du raisonnement patriarcal et paternaliste si profondément ancré dans notre culture...
Ça fait bien longtemps que le schéma «une femme, une sage-femme» a été conceptualisé et mis en application par toutes les collègues qui propose réellement un suivi global. Pour ma part depuis plus de 33 ans...
Drag & Drop Website Builder