Alors...Où Accoucher?


Il existe différentes possibilités pour accoucher en France. L'information étant ce qu'elle est, les lieux à «la pointe de la technique» sont aisément survalorisés par rapport aux autres structures. Pour une grossesse normale, il n'est pas nécessaire d'aller accoucher dans une maternité de Type 3. Petite précision qui a son importance: le type de maternité (1,2 ou 3) est corrélé au niveau de prise en charge pédiatrique en hospitalisation:


- Type 1 pas d'hospitalisation en pédiatrie

- Type 2 Hospitalisation en pédiatrie avec surveillance intensive 

- Type 3 Unité de réanimation néonatale


Habituellement, le plus simple consiste à s'inscrire dans une maternité à proximité du domicile. Ce sera suivant la situation, une maternité Publique ou Privée.


Dans une maternité publique, le suivi est assuré par une sage-femme ou un médecin. Le travail et l'accouchement seront assurés par une sage femme de garde (en général en 12h, par exemple 8h-20h). Elle fera intervenir le médecin (Interne ou Chef de Clinique de garde) uniquement en cas de pathologie, par exemple pour la pose d'un forceps ou la pratique d'une césarienne.

Une analgésie péridurale peut-être effectuée par l' anesthésiste.

Service public signifie également que les actes effectués ne sont pas facturés aux familles; c'est la collectivité qui prend en charge ces frais. Néanmoins il faut savoir que ce sont des sommes qui peuvent être entre 3000 et 6000€/accouchement (même pour un accouchement normal...).



Dans une maternité privée à but non lucratif, le fonctionnement est similaire à celui du système public.


Dans une maternité privée (à but lucratif) ou encore Clinique d'accouchement, ce sont les praticiens qui sont rétribués en fonction des actes effectués.

En pratique, la femme enceinte est suivie par un praticien qu'elle choisit (médecin ou sage-femme).

Si le praticien est un médecin, le travail sera surveillé par la sage-femme salariée de l'établissement, le médecin intervenant le plus souvent à la fin, pour la naissance. La surveillance post-accouchement est faite par la sage-femme salariée, le médecin étant reparti...

Si le praticien est une sage-femme, alors la patiente est en «accompagnement global» (ou encore «suivi global»). La sage-femme viendra surveiller le travail, pratiquer l'accouchement (dans la vraie vie soutenir la capacité de la femme qui elle accouche vraiment...) et assurer la surveillance post-accouchement. Une fois la patiente en chambre , la sage-femme passera le plus souvent quotidiennement et parfois également à domicile après le retour à la maison de la famille.

Précision qui a son importance: il est parfaitement possible d'être en suivi global si vous attendez des jumeaux, si vous avez un antécédent de césarienne ou si votre bébé est en présentation du siège (bien évidemment dans la limite des possibilités réelles médicales pour la voie d'accouchement et des plateaux techniques concernés).
N'hésitez pas à voir avec votre sage-femme de suivi global en ce qui concerne les possibilités sur son plateau technique.
Il est également possible d'accoucher à domicile, mais le cheminement pour y parvenir est un peu complexe…
Cette possibilité n'est pas très prisée en France contrairement à certains pays. On cite souvent les Pays-Bas avec 20 % d'accouchements à domicile.
Le plus souvent, ce sont des sages-femmes qui assurent ces accouchements. Il s'agit toujours d'un «accompagnement global».
Les motivations des couples sont multiples, mais il est totalement faux de penser que la demande provienne de personnes marginales.
Le praticien dispose d'un minimum de matériel sur place (oxygène, divers solutés de perfusion, aspirateur de mucosités, médications, etc...).
Il n'est pas illégal en France d'accoucher à domicile, sauf que les praticiens ont une obligation d'assurance en responsabilité civile professionnelle et que les seuls contrats disponibles le sont à un tarif qui oscille entre 20 et 30000 € par an (pour information ça représente plus que le revenu moyen annuel d'une sage-femme libérale...). En résumé, il est illégal pour la sage-femme qui n'a pas souscrit ce contrat de venir au domicile de la patiente pour un accouchement…
Enfin, après avoir mis 15 ans pour obtenir l'expérimentation des «maisons de naissances»(MDN), les évaluations au bout de 5 ans d' expérimentation se sont avérées positives. Donc nous devrions passer de 8 MDN à 20 dans les mois à venir: c'est encore peu mais le mouvement est amorcé.
Dans une MDN, seule la physiologie a droit de cité, en cas de pathologie, ou simplement besoin d'une péridurale sans pathologie, la patiente passe sur la maternité partenaire et, en général, c'est l'équipe de cette maternité qui reprend la main.

Notez que plusieurs consultations spécifiques existent avec votre sage-femme:

l' Entretien Prénatal Précoce (EPP) est devenu obligatoire depuis 2020. C'est un entretien individuel, à faire le plus tôt possible dans la grossesse, qui permet de vous informer des conditions de surveillance de votre grossesse et des possibilités réelles qui existent localement (type de suivi possible, maternités, possibilité de suivi global...). Vous aurez dès lors plus de possibilités de faire des choix qui vous conviendront.

L'EPP s'ajoute aux consultations et séances de préparation.

Il existe également le Bilan prénatal (BP) à faire en cours de grossesse (prise en charge du tarif de base à 100% à partir de 24SA), avec la sage-femme (ou le groupe de sages-femmes) qui s'engage a effectuer les visites après retour à domicile.

Enfin, il y a également la Consultation de Contraception et de Prévention (CCP), qui ne peut être faite qu'une fois par patiente, de moins de 18 ans (prise en charge à 100%, dispense d'avance de frais).

Pour finir, les sages-femmes sont en accès libre: vous pouvez les consulter en fonction de vos besoins médicaux. Elles assurent également les Déclarations de grossesse, les visites à domicile (en post-partum mais également pendant la grossesse si nécessaire. Elles prescrivent également la contraception sous toutes ses formes (hormonales ou non, pose et retrait d'implants, pose et retrait de stérilet...)

PAR QUI SE FAIRE SUIVRE?

Pour la grossesse et l'accouchement: une sage-femme ou un médecin (généraliste ou gynécologue-obstétricien).

Si vous choisissez le suivi par une sage-femme, elle n'est censée vous adresser au médecin qu'en cas de pathologie avérée et uniquement pour la prise en charge de la pathologie. Elle peut continuer à assurer votre suivi en relation avec le médecin.


LE «SUIVI GLOBAL» OU «ACCOMPAGNEMENT GLOBAL»

C'est le même praticien qui assure toutes les étapes du suivi, de l'accouchement et de la période post-natale: la déclaration de grossesse, les consultations, les séances de préparation à la naissance et à la parentalité (préparation à l'accouchement), les échographies (le cas échéant), la surveillance du travail, la pratique de l'accouchement, la surveillance des deux heures qui suivent l'accouchement, la surveillance en suites de couches (éventuellement les visites post-natales), la consultation post-natale, le suivi gynécologique de dépistage, la contraception, éventuellement la réeducation périnéale post-accouchement...

En 1996, lors de la création de la première version du site, nous étions assez peu de sages-femmes en France à proposer l' «accompagnement global». Seulement une petite centaine sur 1000 sages-femmes libérales.

En 2021, nous comptons 7500 sages-femmes libérales et nous sommes toujours une centaine en France à avoir ce type de pratique, malgré l'arrivée des Maisons de Naissances...Cherchez l'erreur...

Il est important de revenir sur la notion de «globalité», qui commence à être galvaudée. Tout un chacun prétend «faire du global», libre à eux...

Par exemple, une maternité où les équipes restent les mêmes dans un secteur donné (en suites de couches...) affichera qu'elle favorise le «global». Il en est de même si, dans une équipe de trois sages-femmes, il y a un système d'astreintes qui fait que c'est celle d'astreinte ce jour-là qui assure l'accouchement (et non pas obligatoirement celle qui a suivi la patiente...). Certes c'est probablement plus rassurant et plus personnalisé que le système actuel dans les structures, où la chance de connaître la sage-femme de garde le jour de l'accouchement est extrêmement minime. Néanmoins il ne s'agit en réalité que d'un «pseudo suivi global».

Pour moi qui travaille réellement et sans interruption en «accompagnement global» depuis 32 ans , il n'est pas question d'accepter la banalisation de la notion de «suivi global»!

Le «suivi global» (qui plus est additionné à l' accompagnement en haptonomie) constitue probablement à ce jour la quintessence de ce que peut être et apporter la présence de la sage-femme auprès des femmes, des hommes, des couples et des enfants. 


AU SUJET DU LIEU...

Là encore la confusion est trop fréquemment de mise. 

Il y a une problématique de «fond» et de «forme».

Le lieu, finalement, c'est la «forme». Le «fond» c'est l'accompagnement global!

C'est grâce à cette modalité que le vécu pourra prendre toute sa valeur, qu'il sera possible de créer un espace de liberté, rassurant et vigilant, qui sera réellement investi par les parents. Et ce quel que soit le lieu...

Un petit exemple:

Il y a pas mal d'années, j'avais une collègue qui pratiquait des accouchements à domicile. A priori, on imagine que les femmes avaient donc avec elle une totale liberté posturale dans ce cadre non hospitalier. C'était hélas tout le contraire. Toutes ses patientes étaient obligées de s'allonger sur le dos pour accoucher! En fait ma collègue reproduisait les mêmes schémas que ceux prétendument combattus, dans un lieu certes différent... Probablement les femmes étaient assez contentes d'être chez elles, mais elles subissaient tout de même une forme de contrainte non justifiée par la réalité de la situation médicale.

On réalise bien avec cet exemple que finalement le lieu est infiniment moins important que la qualité de l'accompagnement...

Une nouvelle fois, l'attitude qui consiste à opposer les différents lieux où il serait possible d'accoucher n'est pas très constructive. C'est hélas trop souvent le cas actuellement.  Par contre, quel que soit le lieu considéré on peut repenser l'organisation, la qualité des soins et de l'accompagnement en tenant compte des volontés de la femme qui accouche. Encore faut-il pouvoir sortir du raisonnement patriarcal et paternaliste si profondément ancré dans notre culture...

Ça fait bien longtemps que le schéma «une femme, une sage-femme» a été conceptualisé et mis en application par toutes les collègues qui propose réellement un suivi global. Pour ma part depuis plus de 33 ans...

© Willy Belhassen - 2023 -

Drag & Drop Website Builder